L’odeur de
ragondin rôti préparé par la patronne emplissait l’unique pièce de
l’auberge de la cockatrice noire située sur la route entre Mosspone et
Zassespur, au pied des monts Starspire. Au milieu de la douzaine de
marchands et autres voyageurs disposés autour des quelques tables de
l’établissement, un semi-orc à l’air acariâtre sirotait machinalement un
verre de Kocalok seul à une table, le regard porté dans le vide comme absorbé
par les contritions de ses tourments et de ses errements passés.
Puis
une voix l’interpella, et son regard se porta à hauteur de sa taille, un
halfelin lui adressait la parole, ce qui entraîna un semblant de sourire sur la
face disgracieuse du semi-orc. Le nouvel arrivant se joignit à lui,
s’empressant de commander trois bonnes ales à la patronne plutôt qu’un
Kocaloc. Les trois grandes chopes disposées sur la table suscitèrent la
curiosité de l’ensemble des clients qui, s’interrogeant sur les facultés d’un
si petit être à absorber autant de liquide fermenté, écoutèrent avec amusement
les anecdotes rocambolesques du Halfing attablé avec son comparse
semi-orc.
Enfin, au
moment où le halfing allait attaquer sa troisième et dernière pinte, deux
humains, un homme et une femme les rejoignirent à table. L’homme, dont le regard
sagace se porta sur une carte étalée sur la table semblait expliquer quelque
chose à ses comparses tout en pointant du doigt les plans dépliés sous ses
yeux. La femme à l’air sévère et hautain semblait confirmer d’un air
approbateur le trajet expliqué par son comparse aux compagnons de la tablée.
Cette dernière, malgré une chevelure blanche, était relativement jeune,
ce qui contrastait de manière franche avec l’allure ascétique de son
visage, dont les deux oreilles pointues ne laissaient que peu de doute sur le
sang elfique coulant en partie dans ses veines.
Ce groupe de
quatre compagnons se leva à l’aube le lendemain matin et prie la route du sud
aux premiers rayons du soleil en compagnie d’un transporteur de bière et de
venaisons, Beberto, qui avait pour habitude de faire la navette entre Mosstone
et Zazesspur via les monts Starpsire avec sa charrette et sa mule. Dès la
demi-matinée, le soleil baignait de sa chaleur accablante la campagne bien
sèche de cette région méridionale de la côte des épées, le paysage vallonné se
partageait entre champs de lavadou, vignes, garigues et quelques forêts peu élevées
composées d’essences d’arbres typiques de ce climat.
La compagnie
se rendit vite compte de la méfiance et de l’air taciturne des paysans de la
région à leur égard, ce qui était à l’opposé de leur célèbre bonne humeur et
hospitalité. Ce sentiment fût confirmé par Beberto, qui étant natif de la
région trouvait cela bien étrange. La compagnie remarqua au bord de la route,
sur les flancs d’une colline, toute une partie de vignes ainsi que la ferme
attenante complètement ravagées par les flammes, ce qui malheureusement, arrivait
fréquemment dans cette région durant l’été.
Cependant,
le comportement des paysans de la région, taciturne et fuyant toute discussion
avec les voyageurs intrigua de plus en plus le groupe. Les paysans invoquant un
juste châtiment, une vengeance pour leurs péchés liés à ces incendies. Les
héros finirent par comprendre que les incendies de la région étaient imputés à
un légendaire dragon, endormi depuis des siècles et vivant sur une crête des
monts voisins selon les dires de la population locale.
Après avoir
quitté la compagnie de Beberto après la première journée de marche, le groupe
reprit le chemin du sud. La route montait franchement dans cette seconde partie
du voyage, toujours sous un soleil de plomb. En arrivant au col étape de cette
route, les aventuriers tombèrent sur le hameau indiqué sur la carte composé de
trois grandes bâtisses. Toutefois, tout n’est que ruines fumantes et
carbonisées, l’incendie datait de la nuit à n’en pas douter ! La compagnie
découvrit quinze cadavres humains carbonisés, ainsi que des restes de bétails complètement
brûlés.
En examinant
les lieux, le groupe découvrit une empreinte de reptiles large d’un mètre,
composé de seulement trois doigts et se trouvant seule, au milieu du chemin.
Signe intriguant, puisque aucunes autres empreintes n’étaient visibles à
proximité. Ils découvrirent également une dent longue de 30cm plantée dans une
porte calcinée. Mais l’examen attentif de cette dent révéla un émail
particulièrement abîmé et du sang séché à sa racine relativement ancien. Le
groupe d’aventuriers, particulièrement sagace pensa à ce moment à une
supercherie, les indices de la présence d’un dragon sur les lieux étaient trop
grossiers à leurs yeux. Ils remarquèrent également des traces de pas humain, d’un
groupe de 2 ou 3 personnes remontant le long d’un ru un peu plus haut vers les coteaux.
La compagnie
décida de suivre cette piste afin de tirer au clair cette sombre intrigue d’incendie
criminel. Ils tombèrent alors sur un groupe de trois maisons où régnait un
silence pesant et ils découvrirent, cachés dans une cave, trois femmes et une
dizaine d’enfants apeurés. C’est là qu’ils apprirent que les hommes du village,
après avoir découvert le nouveau charnier commis par le dragon, prirent la
décision, accompagnés d’un groupe de valeureux aventuriers mené par deux frères
magiciens, Kadoc & Karadoc, de partir tuer le dragon dans sa tanière sur
les hauteurs surplombant ce hameau.
Les
aventuriers, sentant la manipulation probable de la part de ces deux frères
sorciers se lancèrent à leur poursuite vers les hauteurs des monts Sparspire. Ils
rencontrèrent alors en chemin, une femme en pleure, d’une beauté et d’un charme
remarquable. Cette dernière, blonde à la peau hâlée portait une robe blanche
imbibée de sang sur son flanc droit. Elle accourue implorer l’aide du groupe,
leur expliquant être blessée et poursuivie par des pillards sans vergogne, l’accusant,
à tord, d’être responsable des maux de la région. Elle se présenta sous le nom
de Galaé, expliquant vivre à l’écart des hommes sur les hauteurs de la montagne
avec sa fille, Galinetta. Cette dernière serait en grand danger selon ses dires
et Galaé convainquit le groupe de la suivre récupérer sa fille menacée par les
pillards, certainement composés en fait des hommes de la région et du groupe d’escrocs
mené par Kadoc & Karadoc.
Ils
apprirent en chemin que la mestre de la grande ville de Zazesspur et de la
région était en fait une sorte de dictatrice jouant sur les peurs des habitants
pour garder le contrôle politique à l’assemblée des guildes de la ville. Cette
femme, Nirame, entretenait les craintes de la population vis-à-vis des caravaniers
nomades de Calimshan afin de monter les guildes les unes contre les autres et
de se présenter comme le recours à ces grands dangers pesant sur la communauté.
Au
crépuscule, ils arrivèrent enfin devant une grotte, lieu de résidence de
Galaée. Cette dernière s’engouffra dans la grotte demandant aux aventuriers de
l’attendre à l’extérieur afin de ne pas terroriser sa fille. Un cri strident
retentit, et le groupe accourut immédiatement à l’intérieur de la grotte.
Là, se
tenait Galaée face à un groupe de six hommes armés, dont deux magiciens
encapuchonnés, entrain de charger des montagnes d’or dans des
sacs. L’un deux tenait entre ses mains un œuf plus gros qu’un ballon de sioule
impériale ! L’autre magicien prit la parole, accusant Galaée d’être un
dragon que son groupe avait réussit à blesser sous sa forme draconique. Cette
dernière tuant et dévorant les paysans du coin pour nourrir sa progéniture, ce
que, Galaé contestait rigoureusement (la preuve des cadavres humains et animaux
fumants et non pas dévorés), les yeux rivés sur l’œuf tenu par l’autre mage,
dont les seuls mots compréhensibles furent à ce moment « A Kadoc ». A l’entrée de la grotte,
une meute de chiens semblait s’approcher mais fut mise en fuite par un nouveau
cri strident de Galaée, qui à bout de souffle, se dirigeait vers son œuf.
Les
aventuriers prirent la défense de Galaée, et exterminèrent les bandits. Un
magicien (Kadoc) réussit à s’échapper avec l’œuf de dragon mais l’autre fut
capturé vivant par le groupe. Il expliqua, l’air narquois la supercherie qu’il
avait montée avec son frère Kadoc afin de liguer les paysans contre le dragon
endormi depuis de siècles et de piller ainsi son repère. Ce furent ses derniers
mots, une dague effilée au travers de sa
gorge mettant fin ces jours.
Pour les
remercier Galaée donna une grand part de son trésor aux aventuriers, leur
demandant de rejoindre la vallée. En effet, elle envisageait, après une nuit de
repos, de recouvrir sa forme draconique avant de partir à la recherche de son œuf
depuis un autre repère sur le mont Thargill. Mieux valait ne pas assister à cette
scène. Toutefois, elle indiqua qu’elle se souviendrait du soutien de ce groupe.
Ainsi les aventuriers reprirent le
chemin de la vallée, et passèrent la nuit dans le hameau de paysans après les
avoir convaincus de la vérité concernant cette affaire.
Content de voir que tu te mets au "vrai" jeu de rôle. C'était quel joueur qui sentait le ragondin ?
RépondreSupprimerL5A était un peu trop compliqué à gérer je trouve (règle et scénarios)et après avoir essayer la V5 de D&D, je suis définitivement fan! Je dirai que le prêtre semi-orque était sans aucun doute celui qui digéra le moins bien le ragoût de ragondin, et ça se ressentit...
RépondreSupprimerC'est un scénario de ton cru ?
RépondreSupprimerNon, je me suis inspiré d'un scénario chroniques oubliées de B.B. Éditions
RépondreSupprimer